- crosser
-
Synonymes :- déchirer- éreinter (familier)- esquinter (familier)- étriller (familier)Contraires :- encenser- flatter- louer⇒CROSSER, verbe trans.A.— Vx. Pousser avec une crosse (v. ce mot I B 1). Crosser une balle, une pierre (Ac. 1835).B.— Frapper, battre.1. Battre, frapper à coup de crosse (spécialement de crosse de fusil, cf. crosse II A 4 b) :• 1. Une dizaine de fusils s'abaissèrent dans la direction du petit gars. — Qu'est-ce que c'est? s'écria Bruidoux (...) le premier qui fait feu, je le crosse. Est-ce que nous avons des tueurs d'enfants ici?FEUILLET, Bellah, 1850, p. 107.2. P. ext.a) Frapper violemment et à coups répétés à l'aide d'un bâton, des poings ou des pieds. Laissez passer le petit camaro qui va crosser (...) les corbeaux (...) n'oublie pas le coup de poing sous le menton (...) et le talon dans le jarret (FÉVAL, Fils diable, 1847, p. 141). Ils bousculèrent le remous de la cohue, et crossèrent de leurs gourdins les criards (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 527).Rem. La docum. atteste un emploi abs. arg. [En parlant de l'heure, de la monnaie]. Sonner (en frappant une cloche ou des pièces de monnaie l'une contre l'autre). Le mot minuit est rendu par cette périphrase : douze plombes crossent! (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 525).b) Au fig., vx. [En parlant d'une pers., d'un groupe, d'une œuvre] Critiquer sévèrement, traiter avec mépris. On a joliment crossé sa plaquette; c'est d'ailleurs assez plat (BRUANT 1901, p. 136) :• 2. Dans les salles basses on lisait des brochures « subversives ». Ils crossaient le gouvernement dit un rapport secret du temps.HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 30.Rem. La docum. atteste le dér. crossement, subst. masc. Action de crosser (supra B 1). Crosse encore, municipal de mon cœur; car en ce crossement suprême, je t'adore, et je te juge semblable à Jupiter, le grand justicier (BAUDEL., Salon, 1846, p. 191).Prononc. et Orth. :[
], (je) crosse [
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1270 « pousser [la balle] avec la crosse » inf. substantivé crochier (Arch. St Omer ds GDF. Compl.); fin XIIIe s. [ms.] crocier (S. Graal, ms. Tours 915 [lire 951] fol. 186 b, ibid.); 2. 1740 fig. « traiter avec mépris » (Ac.). Dér. de crosse; dés. -er. Fréq. abs. littér. :6. Bbg. SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 226.
crosser [kʀɔse] v. tr.ÉTYM. 1270; de crosse.❖1 Rare. Pousser avec une crosse. || Crosser une balle, une pierre. — Absolt. Jouer à la crosse.2 Vx. Battre, frapper (à coups de crosse, et, par ext., avec un bâton, etc.). || Crosser qqn, le malmener.1 L'autre jour, le père Brabbant s'installe. Je m'accours. Il me coule dans le pavillon : « Pas là ? Alfred ? » Je lui retourne : « Parti. »Alors il a crossé le guéridon :« Tonnerre ! » chevrota-t-il.Je l'ai trouvé un peu dérangé.R. Queneau, les Derniers Jours, p. 212.2 Elle affectait maintenant de le mépriser et de le crosser ouvertement, lui reprochant d'être trop et trop docile aux ordres.Claude Farrère, Thomas l'Agnelet, p. 364 (1913).♦ Fig. et vieilli. Critiquer violemment.——————se crosser v. pron.♦ Se quereller, se battre. ⇒ Crosses.❖DÉR. Crosseur, crosses.HOM. Crossé.
Encyclopédie Universelle. 2012.